TESTO DEL LIED

"La mort d'Ophélie"
di Ernest-Wilfrid Legouvé (1807-1903)

Au bord d'un torrent, Ophélie
Cueillait tout en suivant le bord,
Dans sa douce et tendre folie,
Des pervenches, des boutons d'or,
Des iris aux couleurs d'opale,
Et de ces fleurs d'un rose pâle,
Qu'on appelle des doigts de mort.
Puis élevant sur ses mains blanches
Les riants trésors du matin,
Elle les suspendait aux branches,
Aux branches d'un saule voisin;
Mais, trop faible, le rameau plie,
Se brise, et la pauvre Ophélie
Tombe, sa guirlande à la main.
Quelques instants, sa robe enflée
La tint encor sur le courant,
Et comme une voile gonflée,
Elle flottait toujours, chantant,
Chantant quelque vieille ballade,
Chantant ainsi qu'une naïade
Née au milieu de ce torrent.
Mais cette étrange mélodie
Passa rapide comme un son;
Par les flots la robe alourdie
Bientôt dans l'abîme profond;
Entraïna la pauvre insensée,
Laissant à peine commencée
Sa mélodieuse chanson.