TESTO DEL LIED

"À celle qui part"
di Armand Silvestre (1837-1901)

Lorsque la mer et Toi vous serez face à face,
Abîmes toutes deux, toutes deux sans remords,
Le flot où tout se perd, ton coeur où tout s'efface,
En se parlant tout bas, compteront-ils leurs morts?
Toi, la beauté qui luit, elle, la mer qui rêve,
Terrestres in finis sous l'infini des cieux,
Quand vous vous toucherez, montera de la grève,
Des oublis révoltés l'hymne silencieux
Entendras-tu mon coeur dans cette voix immense
Que, sur la vague en pleurs, les vents emporteront,
Toi par qui mon tourment sans cesse recommence,
Qui d'un exil sans fin m'as mesuré l'affront?
Ah! que la mort me prenne et que mon coeur se fasse
Flot vivant, pour venir à tes pieds se briser,
Lorsque la mer et Toi, vous serez face à face,
La nuit mêlant vos fronts sous un même baiser!