TESTO DEL LIED

"Roméo"
di Émilien Pacini (1810-1898)

Juliette, chère idole,
ton silence me désole,
sur tes lèvres la parole
suit ton âme qui s'envole;
ne peut-elle plus m'entendre.
Ombre chère daigne attendre,
sous la pierre notre cendre
froide ensemble doit descendre;
mort cruelle viens me prendre
car le jour est un fléau,
plus d'espoir pour Roméo,
non, non, non!
Dieu, pitié pour ma souffrance,
ah! je n'ai qu'une espérance:
la rejoindre au fond du tombeau.
L'adorer c'était ma vie,
à ma flamme elle est ravie;
dans la tombe objet d'envie
ja l'aurai bientôt suivie.
Ô divine Juliette,
âme éteinte, voix muette,
où sont-ils ces jours de fête
où le chant de la fauvette
s'éveillait sous la fenêtre
avec l'aube près de naître?
Ton amant voyait paraître
dans l'azur de tes beaux yeux
un rayon venu des cieux.
Juliette, chère idole,
ton silence me désole,
sur tes lèvres la parole
suit ton âme qui s'envole;
ne peut-elle plus m'entendre. etc.
Ô divine Juliette,
âme éteinte, voix muette,
entends-tu mes cris, mes pleurs?
Dieu d'amour, Dieu de justice
à mes voeux, ah! sois propice,
mets un terme à mon supplice:
que le mort nous réunisse
dans l'extase ou les douleurs, etc.
Ô mort cruelle, viens me prendre,
viens, delivre Roméo;
et toi, chère ombre, daigne attendre,
je te suis dans le tombeau.