TESTO DEL LIED

"Le poète mourant"
di Charles Hubert Millevoye (1782-1816)

Le poète chantait,
de sa lampe fidèle
s'éteignaient par degrés
les rayons pâlissants.
Et lui, prêt à mourir comme elle,
exhalait ces tristes accents:
"La fleur de ma vie est fanée;
il fût rapide, mon destin
de mon orageuse journée
le soir toucha presqu'au matin.
Il est sur un lointain rivage,
un arbre où le plaisir habite avec la mort,
sous ses rameaux trompeurs malheureux qui s'endort!
Volupté des amours, cet arbre et ton image,
malheureux j'ai resté sous le mortel ombrage,
voyageur imprudent, j'ai mérité la mort!
Hélas! Brise-toi, ma lyre chérie,
tu ne survivras point à mon dernier sommeil,
et tes hymnes sans renommée
sous la tombe avec moi dormiront sans réveille.
Je ne paraîtrai pas devant le trône austère,
où la postérité d'une inflexible voix
juge les gloires de la terre,
comme l'Égypte, aux bords de son lac solitaire,
jugeait les ombres de ses rois.
Compagnons, dispersés de mon triste voyage,
ô mes amis, vous qui me fûtes si chers,
de mes chants imparfaits recueillez l'héritage,
et sauvez de l'oubli quelques-uns de mes vers.
Et vous par qui je meurs,
vous, à qui je pardonne,
femmes, vos traits encore
à mon oeil incertain
s'offrent comme un rayon d'automne
ou comme un songe du matin.
Femmes! femmes, ah! Doux fantômes, venez, mon ombre vous demande
un dernier souvenir de douleur et d'amour.
Au pied de mon cyprès effeuillez pour offrande
les roses qui vivent un jour!"
Le poète chantait, quand sa lyre fidèle
s'èchappa tout à coup de sa débile main,
sa lampe mourut, et.. comme elle...
il s'étaignit le lendemain.