TESTO DEL LIED

"La fille de l'air"
di François Joseph Pierre André Méry (1798-1865)

Ma vie est faite de songes,
inconnus dans vos cités,
j'aime mieux leurs doux mensonges
que vos tristes vérités.
Par mes aîles soutenue
je n'habite que la nue,
la terre m'est peu connue,
un Dieu garde mon sommeil.
Toujours sereine et contente
je m'endors sous une tente,
qui se déploie éclatante
comme un trône de vermeil.
Du haut du ciel solitaire
à l'aurore de mes ans,
j'ai pris en dédain la terre,
où tous vos pas sont pesants.
Oh! comme on est bien loin d'elle,
je poursuis à tire d'ailes,
l'alouette et l'hirondelle,
aussi loin que je le veux:
quand la nuit couvre le globe
aux étoiles je dérobe
des franges d'or pour ma robe,
des rubis pour mes cheveux.
Souvent d'une aile timide
je m'abats sur les roseaux,
tout près d'une grotte humide,
où dorment des fraîches eaux.
Le doux bruit de la fontaine
à mon oreille incertaine
couvre la clameur lointaine,
de vos palais soucieux,
et par mes lèvres rasées
votre campagne embrasée
boit la divine rosée
que je lui porte des cieux.