TESTO DEL LIED

"D'un pas trainant, comme affaibli, l'heure s'en va"
di Charles Guérin (1873-1907)

D'un pas trainant, comme affaibli, l'heure s'en va,
Ne laissant d'elle qu'un peu d'ombre sur le sable.
Il faut la suivre encor dans sa marche inlassable
Et ressonger en vain la halte qu'on rêva.
Fermons les yeux, ma calme soeur, et soyez forte;
J'emporte notre amour crucifiée en moi
Avec l'espoir qu'une aube neuve et votre foi
Des linges du passé susciteront la morte!
Et c'est en sanglotant pourtant qu'on se résigne.
Le Seigneur a chassé l'ouvrier de sa vigne,
Et celui-ci croise les bras, s'arrête... et fuit.
Le soir tombe, fermons les yeux, ma calme amie.
L'eau, veuve des divins cygnes, s'est endormie,
Notre âme flotte à la dérive dans la nuit.