TESTO DEL LIED

"La jeune captive"
di André Chénier (1762-1794)

L'épinaissant mûrit de la faux respecté;
Sans crainte du pressoir, le pampre tout l'été
Boit les doux présents de l'aurore;
Et moi, comme lui, belle, et jeune comme lui,
Quoique l'heure présente ait de trouble et d'ennui?
Je ne veux pas mourir encore.
L'illusion féconde habite dans mon sein,
D'une prison sur moi les murs pèsent en vain,
J'ai les ailes de l'espérance;
Echappée aux réseaux de l'oiseleur cruel,
Plus vive, plus heureuse, aux campagnes du ciel;
Philomèle chante et l'élance!

Je ne suis qu'au printemps,
Je veux voir la moisson;
Et comme le soleil, de saison en saison,
Je veux achever mon année.
Brillante sur ma tige et l'honneur du jardin,
Je n'ai vu luire encor que les feux du matin;
Je veux achever ma journée.

Ô mort! tu peux attendre; éloigne, éloigne-toi;
Va consoler les coeurs que la honte, l'effroi,
Le pâle désespoir, dévore.
Pour moi Palès encore a des asiles verts,
Les Amours des baisers, les Muses des concerts;
Je ne veux pas mourire encore.