TESTO DEL LIED

"Marine"
di (Claude Adhmar) André Theuriet (1833-1907)

Souvent je rêve, ô chère enfant,
Que nous errons, seuls, loin du monde,
Au gré de la vague et du vent,
Sur la mer houleuse et profonde.
La vaste mer aux flots plombés
Gronde, sombre et mystérieuse,
Et nous sommes seuls, absorbés
Dans notre extase insoucieuse.
La vague bondit en fureur,
Je te tiens dans mes bras serrée,
Et plus sauvage encor, mon coeur
Bat dans ma poitrine enfiévrée.
Mon amour fier et triomphant
Grandit au bruit de la tourmente,
Et toi sur mon sein, chère enfant,
Tu te rejettes, frissonnante.
Tu lèves d'un air anxieux
Vers moi ta prunelle azurée;
Tu lis le bonheur dans mes yeux.
Et tu me souris, rassurée...
Comme des coursiers épuisés
Les flots retombent blancs d'écume,
Peu à peu les vents apaisés
S'endorment sur la mer qui fume.
Et moi, comme un dieu bien-heureux,
Sur tes yeux je fais en silence
Pleuvoir des baisers plus nombreux
Que les astres du ciel immense.