TESTO DEL LIED

"Sommation irrespectueuse"
di Vicomte Victor Marie Hugo (1802-1885)

Rire étant si jolie,
C'est mal. Ô trahison!
D'inspirer la folie
En gardant la raison!
Rire, étant si charmante,
C'est coupable à côté
Des rêves qu'on augmente
Par son trop de beauté!
Une chose peut-être
Qui va vous étonner
C'est qu'à votre fenêtre
Le vent vient frissonner
Qu'avril commence à luire
Que la mer s'aplanit
Et que cela veut dire
Fauvette, fais ton nid!
Belle aux chansons naïves,
J'admets peu qu'on ait droit
Aux prunelles très vives
Ayant le coeur très froid
Quand on est si bien faite
On devrait se cachet,
Un amant qu'on regrette
A quoi bon l'ébaucher?
On se lasse, ô coquette
D'être toujours tremblant
Vous êtes la raquette
et je suis le volant!
Le coq battant de l'aile,
maître en son pachalick
Nous prévient qu'une belle
Est un danger public!
Il a raison j'estime
Qu'en leur gloire isolés
Deux beaux yeux sont un crime,
Allumez, mais brûlez!
Craindre ceux qu'on captive,
Nous fuir et nous lier,
Être la sensitive
Et le mancenillier,
C'est trop! aimez, madame,
Quoi donc? Quoi! mon souhait,
Où j'ai tout mis mon âme,
Mes rêves, me hait!
L'amour nous vise;
Certes notre effroi peut crier,
Mais rien ne déconcerte
Cet arbalétrier:
Sachez donc, ô rebelle,
Que souvent trop vainqueur,
Le regard d'une belle
Ricoche sur son coeur!
Vous pouvez être sûre
Qu'un jour vous vous ferez
Vous même une blessure
Que vous adorez
Vous connaîtrez l'extase
Voisine du péché
Et que l'âme est un vase
Toujours un peu penché!
Vous saurez, attendrie,
Le charme de l'instant
terrible où l'on s'écrie
Ah! vous m'en direz tant!
Vous saurez, vous qu'on gâte
Le destin tel qu'il est,
Les pleurs, l'ombre et la hâte
De cacher un billet!
Oui, pourquoi tant remettre?
Vous sentirez, qui sait?
La douceur d'une lettre
Qui tiédit le corset
Vous riez! Votre joie
A tout préfère rien.
En vain l'aube rougeoie
En vain l'air chante! Eh bien!
Je ris aussi! tout passe!
Ô Muse! Allons-nousen
J'aperçois l'humble grâce
D'un toit de paysan!
L'arbre, libre volière,
Est plein d'heureses voix,
Dans les pousses de lierre
Le chevreau fait son choix
Et, jouant sous le treilles,
Un petit villageois
A pour pendants d'oreilles
Deux cerises des bois!