TESTO DEL LIED

"L'âme du purgatoire"
di Casimir Delavigne (1793-1843)

Mon bien aimé, dans mes douleurs
Je viens de la cité des pleurs
Pour vous demander des prières.
Vous me disiez penché vers moi:
Si je vis, je prieria pour toi.
Voilà vos paroles dernières.
Hélas! depuis que j'ai quitté vos bras
Jamais je n'entends vos prières;
Hélas! je pleure et vous ne priez pas.
Puisse au Lido ton âme errer,
Disiez-vous pour me voir pleurer;
Elle s'envola, sans alarmes.
Ami, sur mon froid monument,
L'eau du ciel tomba tristement.
Mais de vos yeux pas une larme.
Hélas! ce Dieu qui me vit dans vos bras,
Que votre douleur le désarme,
Moi seule, hélas! je souffre et vous ne priez pas.
Combien nos doux ravissements,
Ami, me causent de tourments
Au fond de ces tristes demeures.
Les jours n'ont ni soir, ni matin,
Et l'aiguille y tourne sans fin
Sur un cadran sans heures.
Hélas! vers vous, ami, tendant les bras,
En vain dans ces tristes demeures,
Hélas! j'attends, et vous ne priez pas.
Quand mon crime fut consommé,
Un seul regret eût désarmé
Ce Dieu, qui me fut si terrible.
Deux fois prête à me repentir
De la mort qui vint m'avertir;
Je sentis l'haleine invisible.
Hélas! vous étiez heureux dans mes bras;
Me repentir fut impossible;
Hélas! je souffre et vous ne priez pas.
Adieu, adieu! je ne reviendrai plus
Vous lasser de cris superflus,
Puisqu'à vos yeux une autre est belle.
Ah! que ses baisers vous soient doux;
Je suis morte et souffre pour vous,
Heureux d'aimer, vivez pour elle.
Hélas! pensez quelquefois dans ses bras
A l'abîme où Dieu me rappelle;
Hélas! j'y descends; ne m'y suivez pas.